Le micronationalisme a ses piliers et ses références qui jouissent toujours de la même notoriété après des années d’existence. Ils s’agit des pionniers de ce que nous pourrions bien nommer le micronationalisme contemporain. Qu’ils soient en Amérique, en Australie ou en Europe pour la plupart, ces « micronations-phares » continuent d’attirer l’attention sur elles, telles des légendes d’aujourd’hui.
Pour la plupart d’entre elles, cette pérennisation médiatique a vu le jour suite à l’ouvrage « Micronations » de Léo Delafontaine, paru en 2013.
En terme de médiatisation, le micronationalisme a connu un « avant » et un « après Léo Delafontaine ». Son livre « Micronations » connu un tel succès à l’époque que ses photos sont bien souvent les premières sur lesquelles on tombe lorsque on fait une recherche google sur le micronationalisme. On peut donc parler d’impact colossal du livre de Léo Delafontaine sur la couverture médiatique des micronations pionnières.
Force est de constater que depuis sa parution, la visibilité accordée par les médias à nos
chères micronations pionnières découle souvent de cet héritage plutôt que d’une nouvelle recherche approfondie sur le sujet. Ainsi va le monde. Pour des sujets considérés « divertissants et légers » comme cela est le cas pour le micronationalisme, la presse se montre toujours bien plus opportuniste que besogneuse. Surtout lorsqu’on cherche des sujets en période estivale quand la moitié des confrères journalistes sont en vacances. Tant mieux pour certains et tant pis pour d’autres.
Vous l’aurez compris, si vous êtes devenu micronationaliste pour être célèbre, revoyez vos objectifs à la baisse car vous avez raté le « Delafontaine express ». Vous pourrez tout au plus devenir une gloire régionale aux yeux de votre presse locale si vous avez la chance de vivre dans une contrée où il ne se passe pas grand chose voir même nationale si vous habitez en Australie.
Faut-il s’en offusquer ? Est-ce si grave ? Bien au contraire car le moins qu’on puisse dire, c’est qu’à l’époque, Léo Delafontaine avait fait une excellente sélection pour illustrer le micronationalisme, car c’est bien de cela dont il s’agit.
Les micronationalistes de l’époque sont restés tout aussi touchants de poésie et de bienveillance. C’est à eux que l’on doit les premières conférences micronationales qui ont donné naissance à un esprit de camaraderie dépassant les frontières, les différences culturelles et les opinions politiques. Ils sont à juste titre les gardiens de ce socle universel et ils le représentent toujours avec la même authenticité. Rendons donc à César ce qui est à César et remercions les d’être de si bons repères et une si belle image pour les micronationalistes que nous sommes. Cela est d’autant plus important à une époque où nous faisons face à un monde de plus en plus individualiste et conflictuel.
Est-ce une fatalité que de ne pas bénéficier d’une couverture médiatique aussi importante que les micronations embarquées dans le « Delafontaine express »? Peut-on arriver à percer médiatiquement ? Oui, cela est possible bien sûr mais cela répond aussi à plusieurs critères selon nos observations.
Lors de la conférence MicroCon EU à Ypres l’été dernier, le Sultan Randy D. Williams du Slowjamastan expliquait aux micronationalistes présents que pour se faire remarquer et croître, il fallait entre autre: poster régulièrement sur les réseaux sociaux, trouver ce qu’on pouvait apporter à une personne et créer une histoire.
Ce procédé lui a formidablement réussi mais on ne peut malheureusement pas en dire autant pour certaines micronations européennes qui ne l’avaient pas attendu pour tenter cette méthode. Pour quelles raisons ? La première est culturelle, l’investissement pour du « fun » ne s’exprime pas du tout de la même manière entre un public américain et un public européen. La seconde est que tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens financiers ni des mêmes connections avec les médias fussent elles locales ou nationales.
Le Slowjamastan bénéficie de tous ces atouts et a fait l’objet d’une percée médiatique sans précédent. Certes, il y a des moyens bien plus importants mais il serait injuste de dire que ce sont ces derniers qui ont permis de tels résultats. À la base, il y a bien du travail, de la créativité , de l’humour et une réelle intention de faire quelque chose de positif pouvant se partager. Si la base du projet avait été mauvaise, le Slowjamastan, malgré tout ses moyens n’aurait pas réalisé une telle envolée.
Vous n’avez pas les moyens ni les finances ni la fantaisie du Slowjamastan? Vous avez raté le « Delafontaine Express »? Vous estimez que votre micronation mérite une meilleure couverture médiatique? Dans ce cas, travaillez tout d’abord votre histoire, votre sens, ce que vous offrez. Une fois que vous disposez de ce qui vous démarque et d’une identité claire. Créez un évènement par exemple.
La création d’un évènement permet de communiquer au média sur une action concrète. Ce moyen de susciter l’intérêt des médias à fait ses preuves à plusieurs reprises. Notamment en France avec les sommets de la Microfrancophonie. Pour chacun d’entre eux, les micronations organisatrices ont reçu une couverture médiatique non négligeable. Ce fût également le cas pour les conférences Polinations qui ont contribué en partie à la notoriété de l'Empereur George d'Atlantium.
Enfin, si vous n’obtenez pas de couverture médiatique, ne vous découragez pas, mais surtout, ne perdez jamais de vue qu’un projet micronational doit d’abord et reste avant tout le vôtre. La création d’une micronation est surtout l’expression d’un idéal, d’une société, d’un monde issu de l’imagination de son fondateur. Elle doit être un élément de satisfaction personnelle tout au long de son processus de création.
Ce qui compte, c’est le plaisir que l’on ressent en lui donnant vie. Ce bonheur là vaudra toujours bien plus qu’un quelconque article de presse. Parce que le plaisir est réel, la reconnaissance bien subjective.
Comments